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Urbanisation Saffré, village "rurbanisé" près de Nantes, veut marier ses populations

23 fév (AFP) - Saffré, bourg paysan dédié à l'élevage laitier, est entré à la fin des années 90 dans l'orbite de Nantes, et fait depuis l'apprentissage de la "rurbanisation", en tentant d'organiser la cohabitation harmonieuse de ses populations.

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Le village, situé à une demi-heure de la capitale des Pays de la Loire par la voie rapide Nantes-Rennes, a vu sa population passer brusquement de 2.600 à plus de 3.000 personnes quand les communes plus proches de l'agglomération ont commencé d'être saturées.

Un chiffre résume cette pression de l'urbanisation: deux demandes de permis de construire par an de 1990 à 98, plus de 25 par an depuis. Cette évolution récente a croisé celle, beaucoup plus ancienne, de la baisse du nombre d'agriculteurs.

Saffré abrite désormais le siège de 48 fermes, contre 91 il y a dix ans et... 450 en 1950. Une véritable hémorragie qui n'est pas à son terme, la moitié des chefs d'exploitation ayant plus de 50 ans.

Bon gré mal gré, la commune s'est acclimatée à cette tendance générale. Le maire actuel, Jean Dupas, lui-même paysan retraité, a travaillé depuis 1989 à créer des lotissements pour accueillir les "rurbains".

"Cela nous a aidés à sauvegarder les commerces et les services", reconnaît-il volontiers, satisfait que la commune soit aussi restée un village vivant, riche d'une quarantaine d'associations.

L'édile tient pourtant fermement à conserver "ses" agriculteurs. "C'est notre patrimoine, et aussi ce qui apporte le revenu fiscal municipal", rappelle-t-il, énumérant "l'entretien des chemins, des haies et de tout le paysage".

Du côté des néo-ruraux, la demande est forte d'une évolution du plan d'occupation des sols, afin de dégager plus de terrains constructibles. Le monde agricole a du mal à résister, faute de repreneurs lors des départs en retraite.

Christophe Carcouet, 37 ans, éleveur de vaches laitières, en prend son parti, insistant sur les points communs entre les agriculteurs et les nouveaux arrivants. "Les paysans aussi ont changé", explique-t-il : "Les jeunes ne cherchent plus à passer dix heures par jour dans leurs fermes. Nous aussi, nous voulons dégager du temps pour nos loisirs et nos enfants."

Avec d'autres exploitants, il tente d'organiser des rencontres avec les familles arrivées de l'agglomération nantaise. Au printemps, il inaugurera des "rando-fermes" de dix kilomètres, pour présenter son métier et "combattre l'indifférence." Le village a aussi relancé sa fête annuelle, et la mairie réfléchit à une "charte de bon voisinage".

"Le problème", reconnaît Christophe Carcouet, "c'est que les néo-ruraux viennent justement pour le calme. Quand ils reviennent de leur travail et qu'ils ont supporté les bouchons à la sortie de Nantes, ils n'ont pas forcément envie d'autre chose que d'être tranquilles." Au point, parfois, de se plaindre du bruit des tracteurs, de la gêne provoquée par les vaches sur la route ou de l'odeur des épandages.

Saffré est bâti au-dessus d'une nappe phréatique. Celle-ci fera bientôt l'objet d'un "périmètre de captage" visant à protéger la qualité de l'eau. Toute la commune sera consultée.

"Une occasion unique", espère Christophe Carcouet, de "montrer que les paysans sont des citoyens comme les autres, tout aussi soucieux des problèmes d'environnement".


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